Musée des Beaux Arts de Mons – Belgique, 2005
Le temps suspendu
Préface du catalogue de l’exposition « Le temps suspendu » Musée des Beaux Arts Mons ( Belgique) – Michel De Reymaeker Conservateur en chef des Musées communaux de Mons .
Contrairement aux apparences, pour Bernard Bouin le sujet n’est que prétexte et, si tout ce qui touche l’humain lui importe, il n’est ni portraitiste, ni peintre de nus…Non ! Si Bernard BOUIN est figuratif, c’est que la figure, bien plus que l’image, l’interpelle. S’il est figuratif, c’est qu’il est d’abord peintre. Ce qui pousse Bernard Bouin à peindre, c’est donc la peinture elle-même et ses possibilités d’existence : au-delà du sujet – et non par lui, comme d’aucuns pourraient le croire – ce sont les conditions mêmes qui permettent l’apparition des formes qui attirent, inspirent et mobilisent l’artiste.
Comment – et pourquoi – suspendre le temps qui, toujours, inexorablement, s’écoule pour inscrire des formes dans la stabilité fictive, et souvent étrange, d’un rêve d’éternité riche de promesses déjà accomplies ?
Comment – et à quelles fins – organiser des surfaces susceptibles non seulement d’accueillir ces formes, mais surtout de les faire émerger et de les exalter ?
Comment – et pourquoi – construire un espace aux teintes et lumières irréelles, qui soulignent la distance, d’ailleurs revendiquée, entre le sujet dans sa réalité concrète et le sujet dans sa représentation peinte ?
Comment – et pourquoi – recourir tantôt à la ligne claire, tantôt au dessin pictural, ici au tracé incisif et précis, là à une écriture nerveuse et fouillée ?
Ces interrogations, qui sont d’incessantes oscillations entre des pôles apparemment opposés, Bernard Bouin se les pose parce que, inlassablement, il cherche à concilier et à exprimer en un seul mouvement, en une œuvre unique, le monde visible et le monde spirituel, le concret et le mental…