C’est une peinture de silence que nous offre cet artiste dont les expositions régulières ne sont jamais répétitives. Aujourd’hui un ensemble de natures mortes et de paysages nous murmure une mélodie retenue.
Car il s’agit bien de cela, d’un art en suspension, arrêté jusqu’à l’oubli de lui-même.
Un dessin minutieux circonscrit les formes sur lesquelles la lumière glisse imperceptiblement. Les objets simples, apparaissent dans une sorte d’apesanteur qui en accentue le rayonnement lumineux. On retrouve cet équilibre naturel dans les paysages imprégnés d’une calme qui invite à la contemplation. Il y a là une vision du monde empreinte de ferveur et même d’un élan mystique pourrait-on dire.
Bernard Bouin aspire à nous faire partager les rapports secrets qui se tissent entre les choses et nous.
[ Gazette Hôtel Drouot 1er Janvier 1999 – Lydia Harambourg ]
S’il m’est arrivé d’utiliser l’adjectif de mystique à propos de la peinture de ce bel artiste né en 1945, c’est surtout en raison du fait qu’il y a toujours chez Bouin » une lumière qui vient d’en haut », au sens propre comme au sens figuré. Ce double combat qu’il mène pour et contre la lumière depuis bien des années déjà constitue le principal attrait des oeuvres de ce peintre chez qui la figuration n’est qu’un code convenu du réel. Pièges de lumière fut le titre d’un fameux ballet dont Philippe Hériat signa l’argument. Ce pourrait être le titre générique des oeuvres rassemblées ici. Bien que toutes ces dernières soient exécutées dans une matière lisse, Bouin, par le jeu de la dégressivité de l’application de la touche, arrive à nous faire passer » physiquement » du matiérisme de l’ombre à l’esprit de la clarté, à exprimer l’irréel et le mystère par cette mise en lumière de la réalité.
[ Gazette Hôtel Drouot 20 Mars 1998 – Marc Hérissé ]